Voilà une rencontre en confrontation.
Deux jeunes (approximativement 15 ans) parlent trop forts et font du bruit malgré leur présence dans un petit cubicule en retrait (salle pour les rencontres de groupe).
J’interviens comme cliente d’un espace public qui se fait déranger. Le silence revient mais brièvement, j’interviens de nouveau–gentiment mais ce n’est que partie remise.
Je demande donc à la bibliothécaire quel est le seuil de tolérance ici. Elle m’informe aucun et va voir ce qui en est. Mais son intervention ne porte pas tellement fruit.
Mais ce qui est plutôt intéressant est ce qui suit. Sur mon départ le jeune m’interpelle en me disant que je n’avais aucun droit de leur dire quoi que ce soit car je ne travaille pas ici.
Oh!!! plutôt intéressant comme réflexion, qui m’a amené à la conclusion suivante.
Les temps changent. Les jeunes–pas tous mais plusieurs ne reconnaissent plus les règles comme des éléments qui sont liés à des espaces, mais plutôt à des personnes. L’autorité doit être confirmée par l’uniforme ou le titre de l’individu qui le porte. C’est une autorité extérieure coercitive. Et non une autorité intérieure normative.
Je n’étais pas légitime à ses yeux, et de ce fait il interprétait mon geste de protection de MON espace de tranquilité, comme un de confrontation de ses ‘DROITS’.
Ce fait marque aussi un changement dans la façon de conceptualiser les événements. La rencontre ne s’est pas faite sur une entente de mutualité–on s’entend sur les règles, le respect des consignes étant le terrain d’entente commun; mais sur un de confrontation: tes droits versus mes droits.
Ca m’amène aussi à voir comment plusieurs jeunes ont cette conception du monde que tout leur est du. “A sense of entitlement”. Ils tiennent un discours de droits et brandissent l’offense dès qu’ils se sentent brimés par qui que ce soit. La règle n’encadre plus, la limite perdue dans un passé archaïque, absent du discours dominant du droit aux choix et à l’individualisme.
Ca m’énerve ….pas à peu près!!!
Beaucoup d’implications face à cette façon de voir les choses
Les règles d’un espace sont personnalisées, elles ne sont pas significatives, n’ont pas de sens. Elles ne sont que des créations d’autorités en mal de pouvoir… dans la tête non seulement des jeunes mais de plusieurs adultes qui n’ont aucun concept de la vie en société.
Tristounet